1ère lecture: Actes des apôtres 8,5-8.14-17
Psaume 65 (66), 1-3a, 4-5, 6-7a, 16.20.
2ème lecture: 1 Pierre 3, 15-18
Evangile: Jean 14, 15-21.
Commentaire
Dimanche dernier, la première lecture tirée du Livre des Actes des apôtres nous a appris qu’au sein de la première communauté chrétienne, « les frères de langue grecque récriminaient contre ceux de langue hébraïque, parce que les veuves de leur groupe étaient désavantagées dans le service quotidien. » (Ac 6,1). Pour résoudre le problème, les 12 convoquent alors une assemblée, et on choisit 7 personnes pour s’occuper de cette tâche du partage des biens au sein de la communauté : Ce sont les 7 diacres, parmi lesquels on retrouve Philippe.
Ce dimanche, la 1ère lecture nous montre Philippe en question non pas accomplissant la mission pour laquelle il a été choisi, mais en train de proclamer, d’annoncer le Christ Ressuscité. Qu’est-ce qui a dû se passer pour qu’il change de mission pour ainsi dire? En réalité, la mission est la même puisque c’est toujours au nom du Christ que ce diacre a fait le partage au sein de la communauté. Mais on peut aussi reconnaître que la communauté a su s’adapter au fil du temps et que le service a évolué selon les besoins… En tous les cas, les Actes des apôtres nous renseignent que « les foules, d’un même cœur, s’attachaient à ce que disait Philippe, car elles entendaient parler des signes qu’il accomplissait, ou même les voyaient… Il y eut dans cette ville une grande joie » (Actes 8,4 ss), la joie de l’Evangile, œuvre du Saint-Esprit. Et même le lien avec les autres disciples n’était pas rompu, puisque Pierre et Jean, à la suite de cette belle mission de Philippe arrivent pour imposer les mains à ceux qui venaient d’être baptisés pour qu’ils reçoivent l’Esprit Saint.
C’est ce même Esprit Saint promis à ses disciple peu avant sa mort que Jésus nous promet aujourd’hui. Ici ou ailleurs, dans le contexte de crise sanitaire mondiale où on a l’impression d’être abandonnés, le même Esprit est promis par le Christ. A ses disciples donc, Jésus promet celui qu’il appelle « défenseur », le Paraclet, que l’on peut traduire aussi par Protecteur, qui sera toujours avec eux. Pourquoi le Christ promet-il l’Esprit Saint ? Aujourd’hui encore, avons-nous besoin du Saint Esprit ? Oui, même en pleine « crise du corona virus » dont les conséquences peuvent déborder le seul cadre sanitaire et perturber la vie de nos communautés (on le voit bien), l’Esprit Saint donne au croyant la confiance et inspire leurs prières pour qu’elles soient écoutées de Dieu. Ainsi, comme le dit Newman dans un de ses sermons « je reviens vers vous » (Jean 14,8) « par le Saint-Esprit, nous sommes en communion avec le Père et le Fils. Le Saint-Esprit cause, provoque la foi, l’habitation du Christ dans le cœur. » (J.H. Newman, Parochial and Plain Sermons VI, 10, London-Oxford…, 1868, p.125-126). Nous voyons bien à travers l’Evangile de ce dimanche que « Christ nous fait entrer dans la famille de Dieu (…) Nous entrons dans la vie mystérieuse des personnes divines qui partagent tout et qui sont le seul et unique Dieu. » Le doute peut être là ; c’est humain, mais on peut se dire que si « les choses matérielles ne peuvent pas se pénétrer l’une l’autre, (…) cela est possible dans le domaine de l’esprit. Le Christ est dans le Père et le Père est en lui, et ils se font une chambre chez nous. » (BCC, 220). Ainsi, nous ne sommes pas abandonnés, nous ne sommes pas seuls : « Je ne vous laisserai pas orphelins », dit le Seigneur.
Si le Seigneur le dit ainsi, c’est qu’il sait que nos routes humaines ne sont pas toujours faciles, que marcher à sa suite peut nous exposer aux critiques et aux persécutions ; il a été le premier à passer par cette voie ; la première communauté chrétienne aussi, bien que secouée par des persécutions a reçu la force et a eu l’audace d’annoncer la Bonne nouvelle là où elle était éparpillée. La première lettre de saint Pierre apôtre n’est-elle pas, en ce sens une belle invitation aujourd’hui pour tout baptisé ? « Soyez prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre raison de l’espérance qui est en vous ; mais avec douceur et respect. » (1 Pierre 3,15).
Sœurs et frères, le Seigneur nous promet l’Esprit-Saint. Cela est un motif de joie, car nous ne sommes pas seuls dans tout ce que nous entreprenons pour lui. Gardons allumée la flamme de l’espérance et soyons apôtres de cette Bonne nouvelle du Christ Ressuscité.