Dimanche de la rentrée pour beaucoup, le Christ nous lance en ce jour, un appel perturbant. « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple ». Alors que tous, nous nous préoccupons soit de la rentrée de notre enfant, de notre épouse ou de notre époux après ces vacances, le Christ nous demande un amour exclusif pour lui. Que faut-il entendre de ce texte d’Evangile difficile ?
L’Evangile est un appel constant à devenir disciple du Christ. Le disciple se laisse enseigner et suit les pas du maître. Avec Jésus, le disciple devient ami du maître. Cela met en œuvre un nouveau lien : l’amitié. Nous rejoignons le commandement du Deutéronome : « Tu aimeras Dieu de tout ton cœur, de toutes tes forces et de tout ton esprit. » Dt 6,4. Mais pourquoi renier ses proches si Jésus est venu accomplir les commandements qui demandent d’honorer les parents ?
Si Jésus nous demande de le préférer à nos proches, c’est afin de nous montrer son Amour pour chacun de nous. Un Amour qui se fait exclusif et total. De nos jours, cet Amour préférentiel se déploie dans la vie consacrée. Des hommes et des femmes acceptent de tout quitter (famille, pays et avantages matériels) pour suivre Jésus de plus près. Cependant, cet appel radical reste adressé à tout fidèle du Christ, appelé à être un autre Christ pour le monde.
Un tel choix est folie pour notre siècle. La première lecture nous a dit que la vraie sagesse réside dans l’accomplissement de la volonté de Dieu. C’est en ce sens que Saint Paul demande à Philémon, en sa qualité de disciple, d’accueillir Onésime comme son frère et de renonçer à toute domination selon l’esprit du monde. Le pape François demandait dans cet esprit, le 30 août dernier, aux nouveaux cardinaux de ne pas « être des disciples mondains ».
Être disciple du Christ demande une réflexion, un discernement, un engagement. Le Christ le dira à sa façon : « Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple. » Pour comprendre tout le contenu du port de la croix dans une vie, la parabole de celui qui veut construire une tour nous éclaire. Il faut tout risquer pour le bonheur éternel. La croix reste le signe par excellence de l’Amour de Dieu pour tout homme.
Dans nos préoccupations de début d’année scolaire ou de reprise des activités, gardons à cœur le programme de tout disciple du Christ : Aimer, embrasser la croix sinon la porter en assumant nos responsabilités pour un monde plus juste, et mettre tout à disposition pour qu’advienne le règne de Dieu. Que nos renoncements participent à la libération du monde de ses servitudes et l’oriente vers Jésus qui aime et appelle tout homme pour en faire un frère, un ami. Amen.
Père Jean-Marie Ouedraogo