Il arrive souvent que de grands bouleversements conduisent à des nouveautés inattendues. Après les cataclysmes annoncés dimanche dernier, la liturgie nous présente aujourd’hui un roi. Le Christ roi de l’Univers, « roi pas comme les autres mais roi pour les autres » selon les mots du pape François. Il me parait opportun de remonter dans l’histoire de la royauté d’Israël pour comprendre les textes de ce dimanche.
Le grand roi David avait laissé un souvenir inoubliable en Israël. Au travers des vicissitudes de l’histoire, son règne demeurait pour le peuple juif un grand signe d’espérance. Les prophètes ont annoncé après lui, un roi libérateur, un fils de David, le Messie.
Jésus se présenta comme celui qui vient accomplir les promesses des prophètes. Avec lui, « les aveugles voient, les boiteux marchent, les sourds entendent, les lépreux sont guéris et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres » Il est acclamé : « Fils de David ! Roi d’Israël » !
Sans rejeter les ovations, Jésus se dérobe de la volonté populaire de faire de lui un roi. Au début de son ministère public, le diable lui propose les royaumes du monde s’il se prosternait devant lui. (Luc 4/1-13). Il déjoue les pièges du tentateur et prend le chemin de l’humilité. Il se démarque de toute royauté caractérisée par une volonté de puissance, un esprit de domination ou un goût de prestige. « Les chefs des païens, dit un jour, Jésus à ses proches, commandent en maîtres et font sentir leur pouvoir », mais il ajoute aussitôt « pour vous, ne faites pas ainsi » ! Jésus se présente comme celui qui est venu pour servir et non pour être servi. A la fin de sa mission, alors qu’il prenait son dernier repas, il se leva de table et lava les pieds de ses Apôtres. Un drôle de roi : il noue le tablier.et se met au service de ses disciples.
Dans l’Evangile de ce dimanche, Jésus est intronisé roi sur une croix, expression absolue de son Amour pour le monde : La croix, gibet pour brigand, est son trône ; sa couronne, des épines tressées ; sa pourpre, son sang versé, son autorité, les clous le fixant à la croix, ses supporters, les juifs et les païens moqueurs. Un roi seul au calvaire, sauf l’apôtre Jean et Marie sa mère à ses côtés. Cependant l’un des deux bandits crucifiés avec lui, va devenir le premier sujet du royaume. Saint Augustin lui fait dire : « Je n’ai jamais entendu parler des paraboles du Royaume. Je ne connais pas les prophéties, mais Jésus m’a regardé et j’ai tout compris ». Ce pauvre larron, rejeté s’est laissé regarder. Il a soudain tout compris dans le regard bouleversant de Jésus, qui l’a introduit dans le monde des sauvés. Pour ce larron, ce voisin dans l’agonie et bientôt dans la mort est le Christ-Roi. Roi, comme personne ne l’a jamais été : proche des perdants, miséricordieux.
Ils sont nombreux les témoins de ce règne nouveau : Mathieu, le publicain, cette femme dite adultère qui entend : « Moi non plus, je ne te condamne pas », ce centurion qui revoit sa fille revenue à la vie, l’apôtre Pierre confessant après la résurrection « tu sais bien que je t’aime Seigneur », eux et puis nous aussi. Vous et moi qui avons été baptisés pour être reconnue fils de Dieu. Le regard d’Amour, de compassion et de restauration de Jésus nous rejoint comme il rejoint tout homme.
Voilà la figure du Christ Roi célébré en ce jour ! Roi de miséricorde et d’Amour, proche de chacun de nous, sans domination, ni jugement. Alors, avec saint Paul, Rendons grâce à Dieu le Père. Il nous a arrachés à l’empire des ténèbres et nous a fait entrer dans le Royaume de son Fils Bien-Aimé, en qui nous avons le pardon de nos péchés. Imitons sa vie de service, de compassion et d’empathie, ainsi notre prière quotidienne aura du sens : Que ton règne vienne.
Père Jean-Marie Ouedraogo