Homélie du 4ème Dimanche de l’Avent

Bien chers frères et sœurs,

Depuis le début de l’Avent, nous avons été invités à être vigilants, puis persévérants, et enfin patients.
Aujourd’hui, en ce quatrième dimanche, nous sommes maintenant invités à être confiants. Les panneaux situés
derrière l’autel nous accompagnent dans cette démarche.
Aujourd’hui, une figure rare apparait dans l’évangile de ce dimanche, celle de Joseph, époux de Marie. Dans nos
crèches de Noël, les enfants reconnaissent souvent Joseph accroupi entre le bœuf et l’âne, le visage baissé
comme un penseur. Pourtant cet homme reste le modèle parfait de l’Espérance d’Israël. Joseph, le silencieux,
l’effacé, le discret dans les textes bibliques, éclaire le mystère de Noël. Il peut aussi éclairer nos propres relations humaines et familiales en ces temps incertains.
Imaginons la souffrance et le drame de conscience de Joseph, lorsqu’il constate que Marie attend un enfant qui
n’est pas de lui ! Pourtant, parce qu’il est “juste, (au sens où il s’ajuste à la volonté de Dieu), Joseph ne veut pas
dénoncer Marie, ce qui la condamnerait au mépris du village et à la menace d’une lapidation. Il prend la décision
de la renvoyer en secret, comme s’il renonçait à ce mariage pour laisser Marie libre…
Il ne proteste pas. Il ne condamne pas ce qu’il ne comprend pas.
Cela nous interpelle aujourd’hui dans bien des situations de vie. Comme pour Joseph, la tendresse nous sauvera des ruses de l’accusateur. Tendresse et douceur voilà ce à quoi nous sommes invités à la suite de Joseph. Il a aimé Marie et lui a accordé un apriori favorable, malgré les apparences qui la condamnent. L’humble artisan de Nazareth sauve Jésus et sa Mère. Ce fut sa manière de donner la vie à Jésus, nous apprenant le respect, la bienveillance, et l’amour qui font vivre. Il nous enseigne la justesse du regard qui cherche à comprendre et fait confiance. C’est bien le thème de ce dimanche.
Joseph rêvait d’un avenir paisible avec Marie. Désormais désemparé par sa découverte de Marie enceinte, il ne
sait plus quoi faire. Et voilà qu’une inspiration lui révèle soudain que rien ne sera comme prévu, qu’un destin
inattendu se prépare pour lui : une entrée dans l’histoire du Salut. Joseph accepte alors l’invraisemblable et admet que “rien n’est impossible à Dieu”. Il vit cette aventure exceptionnelle qui insère Jésus dans la lignée de David.
Par lui, Jésus est reconnu “Fils de Dieu”, l’“Emmanuel”, Dieu avec nous ! Dimanche dernier, le diacre Hubert nous parlant de la patience, évoquait un téléphone qui sonne. Lors de nos échanges pour Noël avec nos proches, pourrons-nous être le confident de nos frères, tout comme Joseph l’a fait ? Confiance rime avec silence. Taire nos frustrations, et faire confiance aux autres c’est se préparer à l’esprit de Noël.
Tout comme Joseph, nos vies sont faites de choix, et de choix souvent difficiles, risqués devant l’inattendu de
Dieu. Au temps de Joseph, l’adoption était considérée comme une authentique paternité, créant des liens aussi forts que la filiation charnelle. Dans ce cadre, Joseph reçoit de Dieu une annonciation, tout comme Marie :
“Joseph, ne crains pas de prendre chez toi Marie ton épouse ; l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ». Joseph saisit le “Ne crains pas” de Dieu comme un signe de sa présence à ses côtés. Il exercera sa responsabilité de père en donnant à l’enfant “le nom de Jésus ». Quelle responsabilité ! Avec Joseph, faisons confiance à la Parole de l’autre, à son inspiration profonde même si nous n’en avons pas les clés de lectures.
L’entrée de Joseph et de Marie dans la liturgie de ce dimanche, nous annonce la proximité de Noël. Notre
espérance se précise et notre confiance en Dieu s’affermit. La prophétie d’Isaïe prend forme ”Voici que la Vierge
est enceinte, elle enfantera un Fils, qu’elle appellera Emmanuel”.
A chacun de dresser une crèche en famille, y placer Joseph, et pourquoi pas l’âne, le bœuf, et les moutons, pour
exprimer sa confiance dans l’attente du Fils de Dieu. N’est-ce pas là un signe d’une confiance aux promesses de
Dieu ?
Comme Marie et Joseph, qui ont tout risqué en disant “oui” à Dieu, nous aussi faisons comme eux, risquons- nous à dire “oui” aux appels que Dieu nous adresse en cette période.

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