Bien chers frères et sœurs,
Nous venons de porter l’Enfant Jésus à la crèche. Il est l’objet de notre joie en cette nuit. » Un enfant nous est né, un fils nous a été donné. »; Au centre de la crèche, l’Enfant Jésus est couché sur une jonchée de paille. Un très beau bébé, déjà habité de maturité. Tous les regards sont tournés vers Lui comme en adoration. En face de Marie, un vieux berger, moitié torse nu, appuyé sur un bâton comme on s’appuie sur la foi. Joseph lui aussi appuyé sur son bâton, pensif, assumant sa responsabilité. Dans cette scène, une lumière éclatante diffuse de la face du nouveau-né. C’est la lumière des nations, celle qui éclaire ceux qui habitent le pays de l’ombre.
L’âne est sage, prêt à partir en Egypte où il faudra bientôt s’enfuir pour échapper aux décisions terribles du tyran Hérode. Et ce soir, nous ne sommes pas loin de l’aide active à mourir qui vient s’ajouter aux structures de morts de notre société. Le bœuf semble se joindre au groupe des adorateurs… voudrait-il lui aussi vénérer l’Enfant-Dieu ? Alors, qui ne mettrai pas son genou à terre
pour atteindre le petit Jésus, l’adorer et recevoir un rayon de sa clarté ?
Voilà deux mille ans que les anges ont annoncé la naissance de Jésus aux bergers. Isaïe le
désignait ainsi : « Conseiller merveilleux, Dieu -Fort, Père-à jamais, Prince de la Paix. » Quel sentiment
nous habite-t-il ce soir devant la crèche ? Pour certains, la joie de Noël emplit les cœurs. Mais je sais
très bien que certains sont mal à l’aise ce soir. Certains se sentent étrangers, extérieurs à ce qui parait
trop beau pour être vrai ! Dieu peut-il devenir enfant, naitre d’une femme ?
Parfois, nous nous imaginons très loin de Jésus-Christ, indignes de lui. La bonne nouvelle de
Noël, c’est que Dieu se fait proche. Pas besoin d’aller le chercher très loin dans le ciel. La crèche est à
hauteur d’enfant et tout homme qui qu’il soit peut accéder à Jésus. Prendre un enfant par la main…
prendre un enfant pour un roi parce qu’il réveille l’enfant qui est en toi ! Ecouter l’enfant qui dort en toi,
voilà la clé de lecture du mystère de noël.
Frères et sœurs, arrêtons-nous devant l’Enfant-Jésus. Que de contrastes en lui. Le Dieu tout- puissant se fait impuissant, le Créateur se fait créature. Lui qui depuis le commencement était et est à l’origine de tout ce qui existe, se fait dépendant d’un père et d’une mère. Oui, dépendant d’une époque, d’une langue et d’un peuple. Nous sommes face au mystère central du christianisme : Le mystère extraordinaire d’un Dieu fait homme, de Dieu « corporisé», «incarné» (Jn 1 14).
Frères et sœurs, Arrêtons-nous et adorons l’Enfant Jésus à la suite des anges, des bergers, des mages. L’âne, le bœuf, les moutons ont déjà rejoint Marie, Joseph et le vieux berger. ! Venons tous à la crèche et tombons à genoux ! Sommes-nous pauvres comme un berger ? Ou sommes-nous puissants comme un mage ? Ne restons pas à l’extérieur. Entrons dans la crèche, pénétrons dans l’intimité et adorons l’enfant Dieu. Si nous ne pouvons pas le faire physiquement, commençons par le faire dans notre cœur.
Frères et sœurs, avons-nous suffisamment réalisé que « par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme » ? Si Dieu s’est fait vulnérable dans la crèche, c’est pour que toute personne vulnérable soit accueillie comme lui-même. En cette nuit bénie, que nos regards se tournent vers nos frères malades, handicapés, réfugiés, prisonniers ou à l’épreuve du grand âge. C’est pour leur joie que le Fils de Dieu s’est fait l’un de nous. Pensons aussi à ceux qui subissent la guerre et ses méfaits ici en Europe, en Afrique et au moyen orient…
Enfin je souhaite la paix et la joie de Noël à toutes les familles, spécialement celles qui connaissent des blessures et des souffrances. Aux enfants, je souhaite l’émerveillement de la crèche et que les parents trouvent en Joseph et Marie des guides humbles et lumineux. Joyeuse fête de Noël à tous et à toutes. Il est né pour nous le divin Enfant, chantons tous son avènement. Joyeux Noël !
Père Jean-Marie Ouedraogo