Homélie du 7 °dimanche ordinaire A – Aimer vos ennemis

«Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour » (CEC 1022), ainsi le disait St Jean de la croix. Au fond, notre vie se trouve résumée à ce que nous aurons essayé de vivre, avec les autres, tant bien que mal. Jésus va plus loin puisqu’il nous demande d’aimer aussi les ennemis. Aussi, contemplons celui qui a vécu ces paroles de l’amour des ennemis, ensuite nous verrons les deux pistes concrètes et simples mais si profondes, de l’amour du prochain comme soi-même et de la prière pour les autres et les ennemis.

Jésus et l’amour des ennemis

A l’écoute de Jésus, nous ne pouvons pas dire que nous ne l’avons pas compris. Je crois même que nous avons tellement bien compris qu’il y une phrase même que dans le notre Père on a parfois du mal à dire : pardonne-nous comme nous pardonnons ? Alors de là à aimer ses ennemis ?? Jésus va plus loin et cela peut se traduire « aimez ! comme moi j’aime mes ennemis ».  Commençons par le contempler lui, sinon nous ne comprenons pas la portée de ce que nous avons à vivre sur le chemin de l’amour des ennemis et nous irons non seulement de déception en déception, et nous n’aurons alors que la volonté d’arrêter sur le chemin qu’il nous propose en disant que c’est trop dur ou que ce n’est pas pour nous. Laissons-nous inspirer par le Christ lui-même qui nous dit « soyez les fils de votre Père qui est aux cieux lui qui est bon pour les « ingrats et les méchants » parce que qui que nous soyons, Dieu est bon pour nous. C’est ce que Jésus a vécu tout au long de sa vie, jusqu’à sa mort sur la croix .

Ton prochain comme toi-même

C’est à partir de là que nous pouvons peut-être entendre : tu aimeras ton prochain Comme toi-même. Cette phrase inscrite au plus profond de l’humanité depuis des millénaires et qui tarde à être vécue et pour nos prochains et pour nous même. Quand Jésus nous parle d’aimer les ennemis qui sont-ils, pourquoi ont-ils commis ces actes ? Nous sommes face à une difficulté : sur ces questions, il est très compliqué de porter des réponses toutes faites pour toutes les situations. L’amour des ennemis, nous ne l’entendons pas d’abord au niveau de groupes, des états, puisqu’il nous faudrait parler de la non-violence plus longuement et des conditions de la paix mais déjà dans notre situation personnelle.

Aimer son prochain, aimer ses ennemis. Qu’est-ce que nous voulons vivre profondément, jusqu’où voulons-nous, pouvons-nous vivre dans des situations de conflits : dans notre vie de famille, au travail, en Eglise ? Entre personnes, qu’est-ce que je souhaite de meilleur ? N’est-ce pas, entre autres, faire le premier pas, sortir de ces spirales de haine, de ressentiment, de rancune, qui empoisonnent la vie ?  Cela n’enlève pas évidemment le besoin, la nécessité, le désir de justice, quand nous avons été victimes.

Aimer son prochain, aimer ses ennemis, c’est aimer son prochain comme soi-même, parce que aussi nous acceptons la miséricorde de Dieu son amour pour nous, « Le Seigneur est tendresse et pitié, il n’agit pas selon nos fautes. » Le problème c’est que s’Il l’est pour nous, Il l’est pour les autres. Ne faut-il pas entendre qu’il est bon pour les injustes et les méchants ? L’an dernier sur l’évangile parallèle de Luc, je vous avais donné l’exemple de la sœur du Père Hamel. Ce jour, je vous laisse avec la parole d’un des martyrs de Tibhirine, le Bx Christian de Chergé prieur de nos frères disait dans son testament : « ma vie n’a pas plus de prix qu’une autre. Elle n’en a pas moins non plus. En tout cas, elle n’a pas l’innocence de l’enfance. J’ai suffisamment vécu pour me savoir complice du mal qui semble, hélas, prévaloir dans le monde et même de celui-là qui me frapperait aveuglément. J’aimerais, le moment venu avoir ce laps de lucidité qui me permettrait de solliciter le pardon de Dieu et de celui de mes frères en humanité, en même temps que de pardonner de tout cœur à qui m’aurait atteint »(Heureux ceux qui donnent p. 118).

La prière

Tout cela est plus facile à dire qu’à faire. C’est pour cela que nous avons ce que nous dit Jésus « priez pour ceux qui vous persécutent ». Avant d’arriver à dire que nous n’avons pas de haine, ou pas ou plus d’ennemis, il nous faut comme le dit Jésus passer par la prière. C’est sans doute le premier des premiers pas. Ce moment où nous nous situons en vérité, où nous laissons Dieu faire la vérité et nous lui présentons nos incapacités à aimer tout homme, tous les hommes ! Parfois, nous ne pouvons faire que cela et c’est déjà cela. Cela tombe bien, nous allons avoir 40 jours pour cela.

 Cette prière est sans doute le vrai début du chemin de l’amour vrai. Jésus sait bien que nous n’arriverons peut-être pas tout de suite à vivre ce chemin. C’est pour cela qu’il nous invite à dire chaque jour « pardonne-nous comme nous pardonnons… » tel est le chemin de vie de Jésus, sera-t-il le nôtre grâce à son Esprit ?

+ Michel Leroy

Les commentaires sont fermés.