Homélie du 3ème dimanche de Carême

Faire l’expérience de l’accueil inconditionnel de Jésus.

Dimanche dernier, nous avons vécu la transfiguration. Ceux qui était à la messe ont saisi
l’indication du Père Michel : Ecouter celui en qui le Père a mis tout son Amour, et s’engager dans la
marche synodale en Eglise universelle comme en communauté paroissiale. Aujourd’hui, Jésus fait
escale près d’un point d’eau. Dans mon pays, le Burkina-Faso, les rivières et les marigots, sont
souvent des lieux de culte. Les hommes y demandent bénédiction, fécondité et prospérité. Quand je
parcours les rives du Cens, entre Sautron et Orvault, je m’interroge. Avec un regard africain, la vallée
du Cens est un sanctuaire. Qui rencontrons nous sur ces rives ? Beaucoup y passent pour causer de
la pluie ou du beau temps. Certains y traitent des questions plus profondes et intimes tout comme en
Afrique où les palabres autour des points d’eau donnent lieu à des alliances. Découvrons la
symbolique de l’eau à travers la Bible, avant de nous pencher sur la rencontre entre Jésus et la
Samaritaine.

La symbolique de l’eau à travers la Bible.

Dès le jardin d’Eden, l’eau est vue comme porteuse de vie. Puis, au déluge, l’eau dévasta
l’humanité et la création, causant ainsi le désastre. Quand Israël sortit d’Egypte, il connut la soif au
désert. C’est ce que nous dit la première lecture. Le puits de Jacob évoqué dans l’évangile montre
que l’eau a toujours été une denrée vitale. Ce puits, dit « de Jacob », a une histoire : c’est le puits du
patriarche Jacob, qui a bu lui-même l’eau de ce puits, avec ses animaux, ses proches et les étrangers.
Les juifs ont utilisé l’eau pour différents rites afin de se rapprocher de Dieu. Au temps de Jean-
Baptiste, il y avait une multitude de personnes qui effectuaient des baptêmes d’eau pour diverses
raisons. Jésus lui-même a dû passer à Siloé où se faisaient des bains de guérison. Il a été baptisé
dans le Jourdain. L’Eglise a vu dans les eaux la source de sa fécondité. L’Eglise est un peuple
nouveau, né de l’eau et de l’Esprit Saint. Nos catéchumènes attendent ce rite initiatique. Avec Jésus,
allons faire un tour au puits de Jacob pour recevoir l’eau vive.

Avec la samaritaine creusons notre désir de Vie, au pied de Jésus

Le beau récit de la rencontre entre Jésus et la Samaritaine reste choquant et improbable. Un
rabbin ne parle pas à une femme, ni un juif à un samaritain, à plus forte raison une samaritaine : La
réplique de la femme à la demande de Jésus dit tout : « Toi un juif, tu me demandes à boire à moi,
une samaritaine ? » Au puits de Jacob, Jésus brise les barrières sociales, et s’engage dans une
conversation édifiante. Il part de la soif physique et va vers une autre soif, la soif spirituelle. Une soif
de sens, qui peut nourrir notre méditation dans la vallée du Cens : une soif de lumière et de vie
intérieure. Jésus a en face de lui une femme en recherche de l’Amour Véritable. N’a-t-elle pas eu cinq
hommes, et même un sixième encore actuellement, dans sa vie perturbée ? Il lui faut un Amour
stable. Sa rencontre avec Jésus, le septième homme qu’elle rencontre, l’homme qui connaît tout de
sa vie et qui ne juge pas, changera sa vie. Sept, le chiffre de la perfection.
La samaritaine accueille en Jésus, celui qui dispose d’une eau insoupçonnée. Elle adhère à lui
pour assouvir ses soifs les plus profondes. Cette scène d’Évangile est d’actualité pour chacun de
nous. Comme la samaritaine nous recherchons l’Eau Vive durant notre vie, dans notre travail, notre
vie familiale, nos amitiés, nos soucis quotidiens. Nous cherchons un sens à ce que nous vivons,
nous cherchons quelle source est capable de soutenir notre marche dans la vie. La bonne nouvelle,
c’est que, qui que nous soyons, le Christ vient à notre rencontre : il nous attend au puits, au milieu
du jour, à des moments improbables de notre vie : ce peut être au cours d’une lecture de la Bible,
d’une rencontre fortuite, d’une marche, d’un deuil, d’une joie, d’une prière…. Bref, dans notre vie
ordinaire de tous les jours. Le Christ nous rejoint alors que nous avons le cœur lourd, non pas pour
nous accuser et nous condamner, mais pour éveiller notre conscience et nous permettre d’aller vers
davantage de vie, la vraie vie.
Frères et sœurs, en route vers Pâques, puisons notre énergie aux sources du Salut, Jésus-
Christ. Abreuvons-nous en lui, source d’eau vive, et reconnaissons à l’instar de la Samaritaine et de
ses proches, que Jésus, assis sur la margelle de nos vies, est le « Tout Proche » ; qu’il est vraiment
le Sauveur du monde. Amen.

Père Jean-Marie Ouedraogo

Les commentaires sont fermés.