Frères et sœurs,
Portant nos fragilités et nos pauvretés, nous nous sommes mis en route, rayonnant de joie les deux premières semaines du carême. Il y a quinze jours, Jésus se révélait comme la source d’eau vive à la Samaritaine, et la semaine dernière, nous découvrions en lui la lumière du monde à travers la guérison de l’aveugle-né. Aujourd’hui, en ce cinquième dimanche de carême, nous atteignons le sommet de la révélation de Jésus dans son dialogue avec Marthe et Marie, à propos de leur frère Lazare : « Je suis la résurrection et la vie », nous déclare-t-il. Entrons dans ce mystère avec les sentiments de Jésus : Son humanité marquée par une fraternité vraie, et sa révélation plénière, qui est l’objet de notre foi et de notre espérance.
Une approche humaine et fraternelle
L’Evangile nous présente un chemin d’amitié qui culmine en fraternité. Il y avait un climat de violence autour de Jésus. Celui-ci sait qu’à Jérusalem, sa vie est en danger. Pourtant, son ami Lazare est malade et espère sa visite. Jésus décide alors de traverser Jérusalem au péril de sa vie. Chemin faisant, on lui annonce la mort de Lazare. Il est accablé mais se dit que cette mort peut servir la révélation du grand dessein de l’amour de Dieu.
Jésus triste et accablé.
Jésus est brisé par le chagrin d’avoir perdu son ami. Par trois fois, il est question de son émotion, de son frémissement intérieur, de ses larmes. Prenons le temps de contempler Jésus accablé de chagrin.
Un premier temps : la compassion. La peine de Marie et de ses compagnons devient sa propre peine : « Lorsqu’il les vit se lamenter elle et les juifs qui l’accompagnaient, il frémit intérieurement ». La plus forte marque d’amour, c’est de partager la souffrance de l’autre, de la faire sienne. La compassion, l’empathie, voilà la source de l’amitié et de la fraternité.
Le second temps : le constat de l’irrémédiable. « Où l’avez-vous déposé » ? demande Jésus. Ils répondirent : « Viens voir » ! Alors Jésus pleura. Là encore Jésus rejoint une souffrance, que nous connaissons, quand nous perdons un être cher. Le corps est déposé dans le cercueil. Puis le cercueil est descendu dans la tombe ou réduit en cendres. On réalise alors qu’on ne reverra plus celui ou celle qui nous était si cher. Cette perte est irrémédiable.
Le troisième temps : le chagrin suscité par les incompréhensions et les oppositions des autorités. Quelques-uns d’entre eux dirent : « Celui qui a ouvert les yeux de l’aveugle n’a pas été capable d’empêcher Lazare de mourir ! ». Jésus frémit. Qui de nous n’a pas traversé de tels moments ? Dans nos chagrins, Jésus vient nous rejoindre dans son frémissement intérieur. Il nous le rappelle : « Je suis la Résurrection et la vie ! ».
Une affirmation qui fait appel à la foi et à l’espérance
Frères et sœurs,
- Vous qui vous sentez démunis, seuls dans vos épreuves, votre deuil, votre séparation, votre divorce…
- Vous que la peine et la misère des autres font pleurer des larmes de compassion…
- Vous que le mépris et les critiques des uns et des autres font frémir… ;
Oui, vous tous : la voix de Jésus vous rejoint tout comme elle a traversé Marthe et Marie dans leur peine. Elle vous dit à vous aussi : « Je suis la Résurrection et la Vie ».
Accueillir la résurrection comme une vérité de la foi.
Si Lazare est sorti du tombeau lié, c’est pour nous rappeler que seul Jésus sort libre du tombeau. Une comparaison entre le retour à la vie de Lazare et la résurrection de Jésus donne sens à la révélation plénière de ce jour : « Je suis la résurrection et la vie ». Lazare est revenu à la vie, mais il va mourir de nouveau, alors que Jésus, Lui, est ressuscité pour toujours.
En ce dimanche du CCFD Terre Solidaire, accueillons cette bonne nouvelle qui nous ouvre à une vraie fraternité: Laissons-nous toucher par la détresse humaine, à travers les témoignages donnés par le CCFD Terre Solidaire, travaillons à un relèvement de l’Homme, à une réhabilitation des personnes, à un retour à la vie, comme nous le montre Jésus en ce jour. Gardons l’espérance en la vie éternelle, avec Jésus-Christ. Amen.
Jean-Marie Ouedraogo